ANTOINE LOUIS ROUSSIN, PAINTED PORTRAITS AND LITHOGRAPHS
Antoine-Louis Roussin, Portrait du Dr Louis le Siner, 1854 (en haut à gauche); Portrait d'un jeune homme à Saint-Benoît, 1853
(en haut à droite); Portrait de Pierre Marie Lahuppe (en bas à gauche), 1878; Portrait d'Antoine Olivier Lamendour, 1886
Les portraits peints
Antoine Louis Roussin arrive à Bourbon en 1842. Professeur de dessin à Saint-Benoît, il s’installe à Saint-Denis en 1846 où il ouvre un atelier de lithographies. Portraitiste reconnu, il y reçoit également une clientèle de notables désireux de se faire portraiturer. Des années 1840 aux années 1880, administrateurs coloniaux, notables, ecclésiastiques, hommes de science, artistes, fréquentent son atelier. Certains de ces portraits forment des paires.
Les portraits peints de Roussin sont souvent en buste sur fond neutre. La pose est classique et l’artiste privilégie les couleurs sombres : marron, vert olive, etc., afin de mettre en valeur les carnations. Le rendu des matières est réalisé avec maladresse. Le portait présumé du docteur Louis Le Siner est l’un des plus anciens portraits peints de Roussin conservés dans les collections du musée, peint en 1854. Le personnage est représenté de façon classique, en buste et de trois-quarts, centré dans le tableau, nous fixant de son regard d’où émane une certaine espièglerie. Roussin a porté un soin attentif à la coiffure du personnage. Le fond sombre et uni permet de faire ressortir le modèle, vêtu d’un costume noir caractéristique de la bourgeoisie au XIXe siècle.
Durant les années 1850, en homme d’affaire avisé, Roussin propose également des portraits de petits formats réalisés à la gouache sur papier collé sur carton. Moins onéreux, ils rencontrent un succès important auprès de la clientèle bourgeoise de la colonie. Le portrait d’un adolescent dans un paysage, appartient à cette production. Le jeune homme pose au centre de la composition au premier plan, le bras droit posé sur un muret. Il est vêtu de noir comme la plupart des portraits masculins au XIXe siècle. Il se détache sur un ciel aux subtils dégradés de bleu, créant une percée paysagère dans ce tableau. Au loin, Roussin a dessiné le ponton et les entrepôts d’une marine, détail repris d’une de ses lithographies. Cette percée s’oppose à gauche à la masse compacte d’un massif végétal sommairement traité. Ces petits portraits raffinés privilégient les tons clairs à la différence des portraits peints de Roussin.
Antoine-Louis Roussin, Portrait d'Edmond Albius (en haut à gauche); Portrait de Célimène (en haut à droite),
Portrait d'un immigrant chinois (en bas à gauche); Portrait d'immigrants indiens, vers 1860
Les lithographies
Son œuvre lithographique est considérable, contribuant à sa renommée. Avant le développement de la photographie, il utilise cette technique pour commercialiser de portraits réalisés à plusieurs exemplaires.
L’artiste garantit « la ressemblance » et s'engage à « donner vingt-cinq exemplaires pour la somme de cent francs », selon une publicité des années 1850. Il rassemble aussi pour l’Album de l’île de La Réunion un ensemble de portraits de célébrités locales qui font l’objet d’articles élogieux. C’est le cas d’Edmond Albius, unique portrait lithographique d’un ancien esclave fait par Roussin. Albius pose à côté d’une liane de vanille rappelant sa découverte du procédé de fécondation artificielle de cette orchidée. La composition et le format rappellent les petites gouaches de Roussin.
Enfin, les lithographies de Roussin réalisées sous le Second Empire comportent un ensemble de types physiques. Ce ne sont pas des portraits clairement identifiables, mais ils témoignent de la situation privilégiée de l’artiste comme témoin de l’arrivée de nouvelles populations dans l’île en lien avec le développement de l’engagisme. Il est probable que Roussin se soit inspiré de modèles vivants pour réaliser ces lithographies.