HISTOIRE DU BÂTIMENT

Antoine-Louis Roussin, Maison de G. Manès, 1849

Henri Mathieu, L'Évêché, 1897

Avant la création du musée

L'emplacement occupé actuellement par le musée fait autrefois partie d'un terrain plus vaste borné au Nord par la rue de l'Arsenal (rue Roland Garros) au Sud par la rue Sainte-Marie, à l'Est par la rue Royale (rue de Paris) et à l'Ouest par un sentier qui deviendra plus tard la rue Fénélon.  

Cette concession est morcelée en 1842 en six lots. L'un d'entre eux est celui qui nous intéresse ; il s'agit d'une parcelle de 2400 m2, située à l’angle de la rue de Paris et de la rue Sainte-Marie, acquise le 7 octobre 1843 par Gustave Manès, propriétaire terrien à Sainte-Marie, pour y faire construire sa maison. 

La maison Manès

Les plans de la demeure sont dessinés par les architectes Félix et Joseph Fraixe suivant les indications du nouveau propriétaire. Le bâtiment est livré en 1846.

Cette bâtisse de style néo-classique est l'une des plus belles maisons du chef-lieu. L’imposant mur d’enceinte et son portail, surmontés de vases Médicis en métal, constituent en son temps une grande originalité. Ce mur original disparaît à l’occasion de travaux de rénovation dans les années 1930, remplacé par une grille en métal. Bâtie en pierre, la façade masque un corps de bâtiment en bois.

Ce mélange de matériaux est rare dans l’architecture créole traditionnelle. La partie en bois est surmontée d’une toiture à huit pans. Derrière la maison se trouvent des dépendances accessibles depuis un porche donnant sur la rue Sainte-Marie. La façade retient surtout l’attention, avec son portique dont les colonnes sont surmontées de chapiteaux ioniques, et sa balustrade couronnée de vases décoratifs. 

Le siège de l'évêché

La famille Manès y habite jusqu’en 1855 puis la vend à l'industriel et homme politique Georges Imhaus. En 1860, nommé représentant de La Réunion à Paris, il quitte La Réunion et vend sa maison à la colonie. Elle devient le siège de l'évêché de La Réunion jusqu'à la proclamation de la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905.

Dumolard, Inauguration du musée Léon-Dierx, le 12 novembre 1912

Musée Léon-Dierx, vers 1930

Le premier musée Léon-Dierx

Conséquence de la loi de Séparation de l’Église et de l’État, le bâtiment occupé par l'évêché est officiellement affecté au Musée d'art et d'histoire le 9 mars 1912. Il est baptisé musée Léon-Dierx le 6 août 1912, en mémoire du poète réunionnais décédé à Paris peu de temps auparavant.  

En octobre 1912, les travaux de rénovation s'achèvent et le musée est inauguré le 12 novembre 1912. Une photographie immortalise l'évènement, l'assemblée posant sur les marches de l'édifice.  

Visiter le musée

Le parcours muséographique propose à l’entrée, dans l’ancienne varangue, une galerie de sculptures constituée de moulages en plâtre provenant d’églises et cathédrales françaises du Moyen-Âge.

Les documents et souvenirs historiques sur La Réunion occupent l’ancienne salle à manger.

Tout autour, dans les autres pièces se trouvent la collection de tableaux modernes, les reproductions photographiques des grands chefs d’œuvres de la peinture française, une section religieuse, la salle Paul et Virginie, et enfin une petite salle présentant des chaises à porteur et quelques autres objets d’art.  

Les premiers travaux

De 1912 à 1947, le musée ne subit aucune modification profonde : les administrateurs du musée se contentent de procéder à des réparations urgentes ou à des travaux d’entretien. Un léger réaménagement est réalisé avec la création d’une section consacrée au legs Kervéguen en 1922.

Après la donation Vollard en 1947, l’intérieur du musée est de nouveau partiellement rénové, les papiers peints disparaissent laissant place à des murs blanc immaculé. Le cyclone de janvier 1948 aggrave la détérioration du bâtiment, le découvrant entièrement. Les collections sont entassées dans les réserves et le musée est fermé. De 1948 à 1952 la toiture est refaite ; plafonds et planchers sont remplacés, des cloisons abattues. Le 4 décembre 1952 le musée est enfin rouvert au public.

Six ans plus tard, le musée est de nouveau fermé en raison de problèmes d’étanchéité. Réparé, il accueille non pas les collections mais l’administration judiciaire de 1958 à 1960. De nouveau ouvert au public cette année-là, il ferme en 1963 pour être entièrement démoli.

Cabinet Hébrard et de Monfreid, Projet d'extension du musée Léon-Dierx, vers 1970

Le musée Léon-Dierx après sa reconstruction, vers 1965

Un nouveau musée

À la fin de l’année 1959, les élus du Conseil général analysent le projet du nouveau musée Léon-Dierx. Il a été dessiné par les architectes Jean Hébrard et Pierre Abadie. Les dépenses de reconstruction sont partagées entre le Conseil général et le ministère de la Culture.  

Un nouveau musée

Tout en respectant l’implantation au sol de l’ancienne maison, la partie en bois du bâtiment est démolie pour laisser place à de grandes salles modernes en béton. Dans un premier temps la façade en pierre du musée est maintenue. Rapidement cependant, en raison de son mauvais état, il faut aussi la démolir. Elle est remplacée par une copie conforme en béton armé.

Le 18 mars 1965, le nouveau musée est inauguré par le préfet Alfred Diefenbacher et propose sa première exposition temporaire : "La Peinture française depuis le cubisme". À l’intérieur, les œuvres sont redéployées sur des murs et surtout sur des cloisons amovibles en bois soutenues par des tiges en fer fixées au sol et au plafond. Il est possible de les déplacer au gré de la configuration d’une exposition.

Une grande salle centrale dispose de cloisons coulissantes qui permettent de la rendre modulable selon les normes en vigueur dans l’architecture muséale des années 1960. Sur les nouvelles façades sud et nord des parois de verre protégées par des claustras de béton, font entrer très généreusement la lumière à l’intérieur des salles. La nouvelle architecture du musée est à la pointe de ce qui se fait de mieux en la matière à l’époque, première et unique architecture muséale de ce type construite à La Réunion.

Une salle d'exposition temporaire

En 1965, les vieilles dépendances du XIXe siècle dans la vaste cour arrière du musée servent toujours de réserves, de bureaux ou encore de logement pour le gardien. Le Conseil général vote de nouveaux crédits pour la construction de réserves plus grandes, d’un atelier, et de logements de fonction pour le gardien et le conservateur.

C’est aussi l’occasion de créer une grande salle pour les expositions temporaires, une des plus vastes qui existent alors dans l’île. Hébrard et Abadie dessinent les plans de ces nouvelles extensions. Dans sa configuration actuelle le musée est inauguré par le ministre et Député de La Réunion Michel Debré le 10 Septembre 1970.