ADÈLE FERRAND, PEINTRE DE GENRE

Adèle Ferrand, Les Deux soeurs, 1830-1840

Les scènes de genre, une tradition du XVIIIe siècle

 

Dans la tradition de Jean-Baptiste Greuze ou de Nicolas Lancret, Adèle Ferrand se spécialise dans la peinture de genre. Ces scènes charmantes, familières et anecdotiques de la vie quotidienne, peintes avec réalisme dans des tableaux de petits formats, répondent tout à fait au goût des collectionneurs privés habitant des appartements bourgeois du XIXe siècle.

De nombreuses petites études dessinées témoignent des recherches de l’artiste sur ces sujets de conversations galantes à la campagne, de concert champêtre ou de lectures dans un jardin. Rien de trop osé, pas de vrai message moral, juste la peinture de scènes de détente.

 

   

Adèle Ferrand, Études ; Deux jeunes filles, 1830-1840

Adèle Ferrand, Le Catéchisme, 1846

Adèle Ferrand, La Rosière, 1841

Le roman d’une éducation chrétienne

 

Par les seuls titres des tableaux de genre exposés par Adèle Ferrand, on peut suivre, comme dans un roman feuilleton (genre précisément créé à cette époque dans la presse parisienne), les différents épisodes de la vie d’une jeune fille élevée dans la religion chrétienne.

Dans Le catéchisme une fillette est interrogée par un prêtre devant ses compagnes espiègles et une assemblée de femmes et d’enfants. Le couronnement d’une Rosière se situe dans un XVIIe siècle de fantaisie : cette tradition encore vivace au XIXe siècle consistait à récompenser par une couronne de fleurs et une somme d’argent pour sa dot, la jeune fille la plus méritante et la plus vertueuse du village. La scène se passe dans un parc, mais un tapis, des sièges cossus et une improbable draperie rouge dans l’arbre soulignent la noblesse des donateurs placés sous la protection du curé. La jeune Rosière, conduite par son père (qui ressemble beaucoup au père de l’artiste), avance les yeux baissés en signe d’humilité. Les villageois sont groupés de part et d’autre, laissant ouverte la scène pour le regard du spectateur. 

Le tableau, exposé plusieurs fois en 1841, fit l’objet de commentaires mitigés, on le compara à Greuze et on reconnut une grâce ravissante à cette composition champêtre et une brillante exécution, surtout pour les étoffes. 

La demande en mariage, étape importante de la vie d’une jeune fille a donné lieu à de nombreux essais de composition mais le tableau final n’est pas connu. Enfin, La sortie de l’église met en scène la charité chrétienne et l’aumône faite par un jeune couple à une famille de mendiants.

  

Adèle Ferrand, La Sortie d'église ; La Demande en mariage, 1830-1840

Adèle Ferrand, La Balançoire, 1830-1840

Mère et enfants

De très nombreux dessins - études, esquisses plus ou moins abouties- et tableaux exposés alors (non localisés) témoignent de l’intérêt d’Adèle Ferrand pour les sujets mettant en scène mère et enfants : la naissance, les soins au bébé, la mise en nourrice à la campagne, l’éducation. 

Toutes ces œuvres sont conçues comme les témoignages vivants des petits moments de la vie quotidienne, des relations affectueuses entre une mère et ses enfants, d’une vie familiale heureuse où le père apparaît peu. Adèle Ferrand construit une sorte de roman social basé sur des stéréotypes qui fige la femme dans un rôle convenu et immuable.  

Son style est monotone. D’une composition à l’autre, les personnages, en particulier les fillettes, présentent toutes les mêmes caractéristiques physiques, les mêmes robes, les mêmes expressions, comme si, toujours aimables, elles glissent d’un tableau à l’autre. La facture est toujours très lisse, les coloris plutôt chauds et elle affiche un vrai talent pour rendre avec précision le texture des différents tissus.

  

Adèle Ferrand, Mère et enfants à la balançoire ; Scène d'intérieur, 1830-1840