LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Émile BERNARD

Maison au fond d’un parc, Émile BERNARD

1888
Huile sur toile
54,5 x 65,5 cm
Inv 1947.01.02
Don Lucien Vollard

Ce paysage est peint en 1888, probablement à Saint-Briac, lors du second séjour de Bernard en Bretagne.  

Maison au fond d’un parc, est d’une composition frontale assez classique mais encore d’une facture en hachures, réminiscence des néo-impressionnistes dont il a été proche. Elle évoque également la touche de Paul Cézanne, pour qui le jeune artiste a une immense admiration. La composition du tableau reflète aussi les recherches de synthétisme, conceptuel et formel, qui donne naissance peu de temps après au tableau intitulé Bretonnes dans la prairie verte qui est, avec La Lutte de Jacob et l’Ange de Gauguin, l’un des deux premiers tableaux caractéristiques du synthétisme. 

Si l’on dénote un certain modelé dans la réalisation des feuillages des arbres qui cadrent la composition à droite et à gauche, ou encore dans la réalisation de la clairière devant la maison, la volonté de cloisonner, de simplifier, de synthétiser la composition est perceptible. Le sous-bois, tout comme la maison elle-même, sont traités en aplats. La présence de traits noirs, cernant les différents éléments de la composition, relie cette toile aux débuts du synthétisme. Il en est de même pour les couleurs en aplats de la maison et de sa toiture au second plan.

Émile BERNARD

Lille, 28 avril 1868 - Paris, 16 avril 1941

Entré à seize ans dans l’atelier du peintre académique Cormon, il en est exclu pour impertinence. Menant une vie de bohème à Montmartre, il fait la connaissance de Toulouse-Lautrec qu’il suit dans les bordels. Chez le Père Tanguy, marchand de couleurs, il croise de nombreux artistes, découvre les toiles de Cézanne : il se décide à peindre « en impressionniste ». Bernard séjourne en Bretagne durant l’été 1886 à Saint-Briac et à Pont-Aven, où il croise Gauguin qui ne le remarque pas.

De retour à Paris, il se cherche et souhaite faire une peinture où l’idée domine la forme. En se liant d’amitié avec Van Gogh, il découvre la passion de ce dernier pour les estampes japonaises. De nouveau en Bretagne en 1888, apprenant la présence de Gauguin à Pont-Aven, il s’y rend. De leurs échanges naît le synthétisme ou symbolisme pictural connu sous le nom d’École de Pont-Aven. Ce nouveau courant artistique se distingue par une simplification des formes, souvent cernées d’un trait, et une gamme de couleurs restreinte. 

Durant les années 1887-1892, Bernard réalise alors ses œuvres les plus emblématiques et participe ainsi aux innovations artistiques de la fin du XIXe siècle. Ambroise Vollard, rencontré dès 1893, lui organise plusieurs expositions à partir de 1901 et lui commande des estampes. Des années 1900 à sa mort en 1941, sa peinture se fait plus classique, s’inspirant des maîtres du passé.