LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Gustave CAILLEBOTTE

L’Entrée du jardin, Petit-Gennevilliers, Gustave CAILLEBOTTE

Vers 1893
Huile sur toile
72 x 91,3 cm
Inv 1947.01.11
Don Lucien Vollard

Ce tableau dévoile l’extrémité du jardin de la propriété de Caillebotte au Petit-Gennevilliers, non loin de Paris. L’Entrée du jardin, Petit-Gennevilliers est une vision intime du jardin de sa propriété aménagée en 1887 et donnant sur la Seine.  

Une barrière en bois à claires-voies la sépare d’un chemin de halage. Peinte en noir, cette clôture structure toute la composition, distinguant l’espace intime du jardin, de l’espace public au-delà : le chemin, la Seine sur laquelle mouillent les bateaux de régate, enfin au fond, sur l’autre rive, la promenade arborée du quai d’Argenteuil, haut lieu de loisirs pour les Parisiens durant la seconde moitié du XIXe siècle. 

À gauche, la présence de sa compagne assise, occupée à des travaux de couture, renforce le caractère familier de la scène.

Ce tableau, tout en harmonie de verts et de bleus, éclatant de lumière, présente différentes touches caractéristiques des impressionnistes. Le clapotis de l’eau et les zones herbues sont peints par touches allongées horizontales ; pour les arbres, du vert-jaune au vert-bleu, la couleur est fragmentée en petites touches pour rendre sensible le bruissement du feuillage dans la lumière. 

Sur l’eau comme sur l’allée, les ombres de cette fin d’après-midi sont visiblement colorées de reflets selon le principe des physiciens qui constatent que chaque couleur tend à colorer de sa complémentaire l’espace environnant, ce que les peintres impressionnistes ont spontanément mis en œuvre. 

Ce tableau appartient à une série de toiles montrant le jardin de Caillebotte. Il est l’une des dernières œuvres réalisées par l’artiste. 

Gustave CAILLEBOTTE

Paris, 19 août 1848 – Gennevilliers, 21 février 1894

Issu d’une famille aisée, Gustave Caillebotte, à la différence de ses amis impressionnistes, peut vivre sans avoir à vendre ses peintures. Cette situation lui permet aussi de devenir le mécène des peintres de ce groupe qui révolutionne l’histoire de l’art à partir du milieu du XIXe siècle.

Sa carrière de peintre, assez discrète, est aujourd’hui reconsidérée. Il expose peu, sauf à Paris de 1876 à 1882. Ses sujets sont identiques à ceux des artistes du mouvement impressionniste : les tableaux de Caillebotte reflètent son époque, le peintre s’intéresse à la vie quotidienne, à son environnement familial. Ce qui le distingue : des points de vue plongeants, des cadrages audacieux et uniques. 

Les jardins et les régates de bateau sur la Seine sont deux des principaux thèmes de sa peinture. Ils révèlent les deux autres passions de Caillebotte : les bateaux et l’horticulture. Avec son frère Martial il participe régulièrement à des compétitions sur la Seine à Argenteuil, dessinant et construisant ses propres voiliers. 

Le peintre s’adonne aussi au jardinage, tant dans la propriété familiale de Yerres que dans celle du Petit Gennevilliers acquise en 1881 et dans laquelle il s’installe complètement en 1888. Il y a créé un jardin ordonné, où arbres et fleurs se côtoient en harmonie. Une serre abrite une importante collection d’orchidées.