LE PAYSAGE EN FRANCE DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XIXe SIÈCLE

Georges Michel, La Plaine Saint-Denis, vers 1840

Narcisse Diaz de La Pena, Clairière dans la forêt de Fontainebleau, vers 1850

Le paysage : un genre devenu important au XIXe siècle

Considéré comme un genre mineur en France avant la Révolution, le paysage obtient une reconnaissance académique avec la création, à l’École des beaux-arts, d’un grand prix du paysage historique composé attribué tous les quatre ans de 1817 à 1863. Il doit répondre à des critères précis : l’étude d’après nature est préconisée comme préparation à une composition réalisée en atelier et mêlant savamment nature et histoire antique dans un cadre architectural italianisant. Ces paysages qui s’inspirent directement de Poussin, sont les seuls, pendant longtemps, à être acceptés par le jury du Salon à Paris.

Au début du XIXe siècle, la conception de paysages moins académiques se développe aussi, sous l’influence de peintres anglais séjournant en France comme Bonington, Turner et surtout Constable. Ils ont une influence déterminante sur les jeunes peintres romantiques français, les incitant à morceler les tons et à juxtaposer des touches de teintes pures qui font vibrer intensément la couleur devenue soudain lumineuse et violente.  

Par ailleurs, dans les années 1830, les paysages hollandais du XVIIe siècle, plus particulièrement ceux de Ruysdael, Hobbema ou Potter conservés au musée du Louvre, sont copiés par les artistes français. C’est une version moins idéale, plus réaliste du paysage qui concurrence la tradition classique héritée de Poussin. Avec les Hollandais, la génération romantique s’initie aux larges effets et au rendu de la fluidité de l’atmosphère. 

Dans les collections du musée Léon-Dierx, la Plaine Saint-Denis de l’artiste Georges Michel est à ce tire caractéristique des mutations qui s’opèrent durant les années 1830-1840.

La peinture sur le motif

La peinture en plein air, sur le motif, détermine définitivement l’évolution du paysage en France au XIXe siècle. Les études d’après nature sont pratiquées depuis longtemps, souvent sous forme de dessin, mais les paysages sont toujours peints en atelier sans lumière naturelle. A partir des années 1825-30, les paysagistes français de l’École de Barbizon sont les premiers à s’aventurer hors des ateliers pour peindre en pleine nature dans la forêt de Fontainebleau. 

Par beau temps, ils installent leur chevalet dans une clairière, près d’un étang, au creux d’un chemin ou non loin des rochers, et tentent de saisir les moindres changements d’atmosphère, de lumière. Ils bénéficient d’un progrès technique apparemment anodin, le conditionnement de la peinture en tubes de plomb, qui facilite pour l’artiste le transport de son attirail de peintre.

La peinture de paysage pur apparaît, sans autre sujet que la nature elle-même, saisie dans sa vérité, sans le prétexte de sujets anecdotiques ou historiques. Selon la saison, le temps, l’heure, un même point de vue peut être retenu pour plusieurs tableaux.  

La clairière de Narcisse Diaz de La Pena, l’un des membres du groupe de Barbizon, illustre cette nouvelle démarche artistique.