LES IMPRESSIONNISTES ET LE PAYSAGE

Charles François Daubigny, Péniche au bord de l'Oise, 1874

L'apogée de la peinture de paysage

Au milieu du XIXe siècle, « la grande armée des paysagistes », selon l’expression du critique Castagnary, sillonne les routes de France, en particulier autour de Paris, le long de la Seine, en Normandie, en Bretagne et dans le Midi. Le Salon lui-même rend compte de cet engouement pour le paysage.

Une nouvelle génération de peintres travaille aux côtés de Gustave Courbet, Camille Corot, Théodore Rousseau, Eugène Boudin ou Charles-François Daubigny : ce sont les futurs impressionnistes qui dans les années 1860 marquent leur attachement à la peinture en plein air. Ces jeunes artistes proches d’Édouard Manet, subissent aussi l’influence du japonisme par le biais des gravures de Hokusai et Hiroshige qui circulent à Paris et retiennent de cette esthétique, entre autres, le point de vue plongeant dans la composition et l’emploi des couleurs claires. 

Armand Guillaumin, Le Barrage, vers 1890

Couleurs et instant présent

Comment traduire les sensations visuelles, les variations de la lumière par le seul moyen de la couleur ? Comment fixer l’instant qui passe ? Les réponses sont diverses, de Paul Cézanne qui suit « la logique des sensations organisées » en structurant ses paysages, à Claude Monet qui est inlassablement attiré par la mobilité de l’eau et l’effet des variations atmosphériques. L’application de la règle du mélange optique, la fragmentation de la touche associée à la décomposition des teintes et à l’usage exclusif des couleurs intenses sont quelques-unes des réponses des impressionnistes, systématisées pas les néo-impressionnistes comme Georges Seurat, Paul Signac, puis Maximilien Luce ou Henri-Edmond Cross. 

Dans le même temps, à partir de 1886, les peintres de l’École de Pont-Aven autour de Paul Gauguin, attirés par le charme archaïque de la Bretagne, mettent en œuvre une nouvelle technique exaltant la couleur pure, posée en aplat et souvent cernée d'un trait sombre, qui veut remplacer la représentation de la nature par l'interprétation d'une idée : c’est le symbolisme pictural.  

De nombreux peintres, français ou étrangers attirés par la France, vont pendant quelques décennies prolonger ces recherches dans des œuvres où l’exaltation de la couleur est un puissant moteur.