LES PAYSAGES DES ILES DE L'OCÉAN INDIEN AU XIXe SIÈCLE

Au XIXe siècle, la présence d’artistes européens dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien contribue au développement de la peinture de paysages exotiques en lien avec ces régions du monde, alors peu connues en Europe.

Parmi eux, il convient de distinguer les œuvres de Charles Merme et d’Adolphe Martial Potémont. Tous deux résident à l’île de La Réunion à la fin des années 1840 et au début des années 1850. Cette île est le point de départ de visites à Madagascar, à Mayotte mais aussi à l’île Maurice. 

                             

   

   

Charles Merme, Paysage à Madagascar, 1848  

Charles Merme (1818-1869)

Né à Cherbourg, Charles Merme, élève du peintre orientaliste Prosper Marilhat, est un militaire de carrière, chef d’escadron au régiment d’artillerie de Marine. C’est donc en amateur qu’il pratique la peinture, au gré de ses déplacements, de ses campagnes ou de ses différentes garnisons à travers les colonies. Ainsi, il peint des paysages des Antilles, d’Afrique, de La Réunion et de Madagascar.

C’est probablement dans ces circonstances qu’il est amené à rencontrer Louis-Antoine Roussin, avec qui il collabore pour les Souvenirs et Promenade à Salazie. Merme meurt à Lorient le 1er avril 1869 et le Salon cette année-là présente pour la dernière fois les œuvres de ce « paysagiste élégant, doué d’un talent très estimable ». 

Le musée possède de cet artiste un paysage de Madagascar. Dans sa composition, Merme sature les deux-tiers du premier plan avec une forêt tropicale dense et dans le dernier tiers, il opte pour une perspective ouvrant sur un paysage de plaine et de collines formant les deuxième et troisième plans. L’ensemble baigne dans une lumière chaude et mordorée, rattachant ce paysage exotique aux représentations classiques des paysages académiques.

Adolphe Potémont, Paysage à Madagascar, vers 1850

Adolphe Martial Potémont (1828-1883)

Né à Paris, Adolphe Potémont se forme auprès des peintres Léon Coignet et Félix Brissot de Warville. Il acquiert auprès d’eux une formation généraliste, s’initiant à la peinture d’histoire, au portrait et au paysage.

Il a particulièrement apprécié Madagascar comme l’attestent ses nombreuses esquisses ou lithographies concernant cette île. Dans ses paysages malgaches, la présence fréquente d’arbres du voyageur (ravenales) contribue à les situer dans un ailleurs exotique.

Mais cette forêt dense qui occupe presqu’entièrement la toile, est composée classiquement par plans, reliés entre eux par le cours d’eau. Il anime son paysage d’oiseaux au léger plumage blanc, répartis en diagonale le long d’un arbre mort, probablement déraciné par un cyclone. 

Numa Desjardins, Paysage à l'île Maurice, 1885

Numa Desjardins (1826 - ?)

À la différence de Merme ou de Potémont, Numa Desjardins est un artiste mauricien dont la carrière se déroule dans cette île des Mascareignes. Peintre, mais également musicien, il semble être l’un des artistes les plus importants de Maurice durant la seconde moitié du XIXe siècle.

De la production de cet artiste, seuls quatre paysages sont connus actuellement, réalisés entre 1854 et 1885. Ce paysage titré Vue de Tamarin à l’île Maurice daté de 1885, présente un paysage de l’intérieur de l’île avec au second plan la chaîne de montagnes qui dominent la capitale Port-Louis, dont le célèbre Peter Both.

La composition est cadrée par un arbre à droite, probablement un tamarinier. Deux paillottes et des personnages animent la composition au premier plan. Le paysage baigne dans une lumière dorée d’un coucher de soleil venant de la gauche. C’est une vue champêtre, une sorte de pastorale exotique, qui incite à la rêverie. 

La composition académique par plans clairement identifiés dans une gamme de couleurs allant du sombre au clair, fait de ce tableau une œuvre très intéressante dans l’histoire des paysages des îles de l’océan Indien. Il présente notamment des similitudes avec les œuvres contemporaines du peintre réunionnais Adolphe Le Roy (1832-1892).