LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Arthur GRIMAUD
Arthur GRIMAUD
Saint-Louis (Réunion), 14 sept. 1784 - Saint-Paul (Réunion), 17 oct. 1869
Arthur Grimaud, n’ayant jamais quitté l’île pour suivre une formation, est un artiste autodidacte. Sa place dans le milieu artistique colonial de la première moitié du XIXe siècle est importante et il fait partie des peintres qui représentent l’île aux expositions Universelles de Paris en 1855 et 1867, et de Londres en 1862 : ses œuvres y obtiennent plusieurs médailles d'or et mentions honorables.
Cependant, l’œuvre d'Arthur Grimaud demeure largement méconnu : à ce jour, seule une dizaine d’œuvres ont été recensées. Il semble qu'il se soit imposé avant tout comme portraitiste des notables de Bourbon, aux côtés d’autres peintres comme Garreau, Poussin ou Roussin. Le musée Léon-Dierx possède quatre portraits signés de lui, et quatre autres qui lui sont attribués : le plus ancien date de 1811, alors que Grimaud n'a que 27 ans.
Arthur Grimaud a également réalisé pour Nicolas Bréon, premier directeur du jardin botanique de Saint-Denis, l’actuel Jardin de l’État, une trentaine de toiles, de format carré représentant les fruits de la colonie. Il est probable que les natures mortes composées à partir de fruits tropicaux ait été une de ses spécialités.
Il est le père d’Émile Grimaud, caricaturiste des années 1840, qui a laissé une importante production de dessins aujourd’hui conservée au musée Léon-Dierx.
Portrait d'un colon de Bourbon, Arthur GRIMAUD
1848
Huile sur toile
62 x 51 cm
Inv 2007.01.01
Daté de 1848, ce portrait est différent des autres portraits connus d’Arthur Grimaud. L’œuvre est partagée en deux par le pilier de la varangue. Le portrait proprement dit occupe la partie droite du tableau tandis que la partie gauche, représentant un paysage dominé par deux palmistes, s’ouvre au large vers la mer et l’horizon. Les deux arbres dans l'alignement du pilier tracent une diagonale qui guide le regard du spectateur vers le visage du personnage. La mise en scène qui mêle architecture et nature, rappelle les portraits de la noblesse d’Ancien Régime, réduit cependant ici à une échelle très modeste.
Les attributs renseignent sur la condition et la personnalité de cet homme aujourd'hui sans nom. Les livres symbolisent le savoir tandis que la branche de café et le chapeau de paille témoignent de sa position de planteur. C’est la représentation d’un propriétaire terrien qui est affirmée ici, d’un propriétaire d’esclave aussi comme l’atteste la présence à gauche d’une paillote devant laquelle un personnage d’un rouge vif passe, couleur souvent utilisée dans la peinture pour attirer le regard. Les fruits, proches de l’angle en bas à droite, forment une composition minutieuse, une sorte de miniature à l’existence propre au sein de ce portrait, comme un tableau dans le tableau.
Le soin et la grande précision apportés par le peintre aux accessoires, aux fruits, aux fleurs et à l'environnement montrent bien le souci de rendre un portrait idéalisé. La facture est lisse, presque porcelaineuse, caractéristique de l’art du portrait durant la première moitié du XIXe siècle en France.