LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Maximilien LUCE

Maximilien LUCE

Paris, 13 mars 1858 – Rolleboise, 6 février 1941

D’origine modeste, Maximilien Luce est né dans une famille ouverte aux arts. Son père, ouvrier dans une compagnie de chemins de fer, ne s’oppose pas à ce que son fils entre à 14 ans dans un atelier de gravure en tant qu’ouvrier commis. Cet apprentissage de quatre ans le familiarise avec les techniques d’imprimerie de périodiques, mais accentue aussi son attirance pour le métier de peintre. 

De ses origines, Luce garde toute sa vie une attirance pour le milieu ouvrier et les grands travaux de Paris, ses grandes sources d’inspiration, objet d’une abondante production de dessins. 

À partir de 1877, il fréquente l’Académie suisse et l’atelier de Carolus-Duran. En 1885, il découvre l’art de Seurat et les recherches des futurs néo-impressionnistes, auxquelles il adhère immédiatement. 

Il participe à partir de 1887 jusqu’à sa mort au Salon des Indépendants créé en 1884, en dissidence du Salon officiel, sans jury et sans récompense. Il expose aussi à Bruxelles au Salon des XX devenu ensuite la Libre Esthétique et dans des galeries à Paris comme Durand–Ruel, le marchand des impressionnistes et Ambroise Vollard en 1902. 

Son admiration sans faille de l’art de Seurat et son amitié fidèle avec Signac l’incitent à pratiquer, sans intellectualisme, la technique néo-impressionniste de division de la touche colorée, quel que soit le sujet abordé.

Le Jardin, Maximilien LUCE

Vers 1893-1895
Huile sur toile
26,3 x 39 cm
Inv 1947.01.67
Don Lucien Vollard

Bien que la datation présumée de cette œuvre renvoie à la période néo-impressionniste de Maximilien Luce, on reconnaît clairement ici l’héritage impressionniste. Luce hésite entre l’une ou l’autre technique qu’il cherche à concilier dans cette toile. La touche, large et confuse, n’a rien des petits points subtils et recherchés de Georges Seurat ou de Paul Signac. Elle se rapproche au contraire, par sa facture vive et spontanée, d’œuvres impressionnistes. 

Dans ce tableau, deux masses sombres constituées d’arbres et d’arbustes sont réparties de part et d’autre d’une allée qui chemine vers le centre du tableau et qui semble rejoindre le ciel. Le ciel et l’allée se répondent et assurent avec les troncs d’arbres la verticale du tableau. 

Luce utilise une palette de couleurs complémentaires (vert, orange et violet) posées en touches larges et désordonnées qui créent finalement, par mélange optique, un paysage harmonieux, intensément coloré. Les couleurs outrepassent totalement la réalité lorsqu’on les regarde individuellement, mais considérées dans leur ensemble, une fois le mélange optique effectué, elles offrent au regard un spectacle harmonieux d’un grand réalisme.

Maximilien Luce a beaucoup été critiqué pour son utilisation abusive du violet, couleur secondaire obtenue par le mélange du bleu et du rouge. Il s’en sert ici aussi bien pour les troncs d’arbres que pour les feuillages ou les ombres colorées, cette couleur permettant, selon lui, d’entrer plus en profondeur dans la lumière. Maximilien Luce, plus soumis à son instinct qu’aux spéculations du raisonnement, s’éloigne des principes divisionnistes : ce n’est pas l’aspect théorique qui l’intéresse mais le traitement des couleurs, qu’il cherche à rendre aussi éclatantes que possible.