LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Berthe MORISOT
Berthe MORISOT
Bourges, 14 janvier 1841 – Paris, 2 mars 1895
Fille d’un préfet, Berthe Morisot reçoit une excellente éducation artistique, soutenue dans cette formation par sa mère. Berthe s’éloigne rapidement de l’enseignement académique qu’on lui prodigue et apprend auprès de Camille Corot l’art de la peinture en plein air. Elle retient de Corot les tons clairs et le goût de la touche apparente.
Parallèlement, elle fréquente le musée du Louvre, copiant les maîtres du passé. Elle y fait aussi la connaissance en 1868 d’Édouard Manet, l’un des principaux artistes novateurs du milieu du XIXe siècle, qui devient en 1874 son beau-frère. Elle pose pour lui dans Le Balcon (Paris, musée d’Orsay) et il fera, au total, dix portraits d’elle.
À partir de 1864, elle expose au Salon. Durant les années 1870, Berthe Morisot s’affirme dans le milieu artistique parisien. De 1874 à 1886, elle participe aux expositions des impressionnistes, étant qualifiée parfois de la plus avant-gardiste de ce groupe. Elle fréquente Zola, Mallarmé, Monet, Degas ou Renoir dont elle finit par se rapprocher de la manière, avec une touche fluide et une palette chaude et contrastée
À la différence de ses amis artistes masculins, Berthe Morisot est moins libre dans ses sujets. Elle traite cependant avec brio et un style reconnaissable entre tous de sujets traditionnels conformes au goût bourgeois de l’époque.
Jeune fille au divan, Berthe MORISOT
1893
Huile sur toile
45,9 x 55,1 cm
Inv 1947.01.82
Don Lucien Vollard
Durant l’été 1893, Berthe Morisot emprunte à Renoir un modèle qu’elle fait poser allongée sur une méridienne Empire. Ce sujet de la Femme au divan, est traité sous différents angles par Morisot : proche du modèle pour n’en représenter que le buste et la tête, motif inversé, table de toilette ou vase bleu plus ou moins détaillés.
Elle utilise le pastel, le crayon ou la peinture, mais également la pointe-sèche pour une gravure. Le sujet est alors très en vogue, rappelant le portrait de Madame Récamier peint par David, mais présenté dans une attitude beaucoup moins guindée. La jeune femme est ici en pleine rêverie, abandonnée à ses pensées.
La version peinte du musée, réalisée à l’aide de longues touches colorées en demi-teintes lumineuses, est une composition moderne, brouillant les limites entre extérieur et intérieur, créant une « peinture vaporeuse » (Degas). Le modèle, le meuble, la potiche, tout semble suspendu et instable.
Parmi les impressionnistes, Berthe Morisot se distingue par une touche particulière et unique : elle estompe les formes, sa touche est allusive, non finie, le tout dans des tons clairs.
Berthe Morisot, Femme au repos, vers 1888, gravure, coll. MLD