LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Ernest PONTHIER de CHAMAILLARD

Ernest PONTHIER de CHAMAILLARD 

Quimper, 1862 – Eaubonne, 1931

 

Issu d’une famille de juristes, Ponthier de Chamaillard fait en Bretagne des études de droit, mais il est attiré par la peinture. Sa rencontre avec Paul Gauguin en 1888, lors du deuxième séjour du peintre à Pont-Aven, est décisive. Gauguin, qui cherche toujours le primitif et le spontané, apprécie la maladresse naïve des petits tableaux de Chamaillard et l’encourage de ses conseils.   

Chamaillard se consacre pendant quelques années à la peinture. Cependant, afin de gagner sa vie, il ouvre un cabinet d’avocat à Châteaulin en 1893 et prend une charge d’avoué en 1903. Par manque de temps, il peint peu, dans le style impressionniste, quelques paysages des environs comme la baie de Douarnenez ou la côte du Pouldu. 

En 1901, il expose chez le marchand Ambroise Vollard et le catalogue est préfacé par le critique Arsène Alexandre : outre des peintures, il expose des objets ou meubles sculptés polychromes comme l’a fait Gauguin. 

En 1905, l’héritage de son père lui permet de se consacrer exclusivement à l’art, il expose deux fois chez Bernheim Jeune en 1906 et 1910 mais en 1914, une seconde exposition prévue chez Vollard avec une préface d’Apollinaire est malheureusement annulée en raison de la guerre. Le poète séduit par ses paysages exposés au Salon d’Automne de 1913 parle alors de leur « délicatesse ». 

Des dettes, la mort de ses deux fils à la guerre marquent sa fin de vie assez misérable, malgré deux expositions à la galerie Georges Petit en 1925 et 1930.

Falaises de Douarnenez, Ernest PONTHIER DE CHAMAILLARD

 

Vers 1900
Huile sur toile
92 x 73 cm
Inv 1947.01.81
Don Lucien Vollard

 

Ce tableau de Chamaillard retranscrit les impressions de l’artiste à l’occasion de ses promenades. Assez classiquement, un chemin serpentant le long du rivage, permet d’entrer dans la composition. Le paysage se découpe clairement selon trois grandes étendues que sont la terre, la mer et le ciel.  

Les quelques arbres qui bordent la côte escarpée viennent rompre ces surfaces en apportant à l’ensemble rythme et équilibre. Leur disposition est à l’origine du format du tableau qui abandonne la disposition classique de l’horizontalité, propre à la peinture de paysage, pour le format vertical qui est celui de la peinture de portraits.

Les coups de pinceaux rapides et apparents suggèrent un climat venté et une mer assez agitée, tandis que la côte rocheuse met en relief les empâtements de la touche, chargée de cette matière dans laquelle se creuse un chemin de terre ocre. 

La touche, vibrante, vive, claire se rapproche de celle des impressionnistes, et non de l’esprit synthétique et novateur des œuvres de Gauguin, Bernard ou Sérusier peintes dans la région.