LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Georges MICHEL

Georges MICHEL

Paris, 12 janvier 1763 – Paris, 7 juin 1843

La carrière artistique de Georges Michel reste méconnue. Il se dit l’élève de Nicolas-Antoine Taunay avec lequel il collabore parfois, lui faisant le paysage et Taunay les personnages. Par la suite, il gagne sa vie comme restaurateur de tableaux, professeur de dessin, et exécute des copies d’après les paysagistes hollandais du XVII° siècle pour le compte du marchand Lebrun, mari de la portraitiste Mme Vigée-Lebrun. En 1813, il ouvre une boutique de curiosités, meubles et tableaux qu’il tient jusqu’en 1820.

Il expose pour la première fois au Salon libre de 1791 où l’un de ses paysages est comparé à une œuvre de Ruysdael, paysagiste hollandais du XVIIe siècle. Il ne participe plus au Salon après 1814.  L’analyse des livrets de cette manifestation artistique parisienne annuelle indique qu’il a exposé durant plus de 20 ans des paysages avec ou sans figures, presque tous inspirés de Paris et de ses environs.

Durant les années 1830, il est protégé par le Baron d’Ivry, peintre amateur, qui devient son mécène. Ivry lui substitue le jeune Jules Dupré qui contribue à faire connaître Georges Michel aux peintres de Barbizon. Il meurt à 80 ans tout à fait méconnu. Il est redécouvert par le marchand des impressionnistes Paul Durand-Ruel qui fait sa promotion en France et en Europe, contribuant à faire de lui l’un des artistes importants dans l’art du paysage au XIXe siècle. 

Averse sur la Plaine Saint-Denis, Georges MICHEL

 

1820-1830
Huile sur papier
75,5 x 105,5 cm
Inv 1912.01.25

 

Paris et sa région, notamment les plaines et collines au nord de Paris, sont des lieux de prédilection pour Georges Michel qui en fait le sujet de nombreux de ses tableaux. Ce sont alors des espaces campagnards en sursis que l’urbanisation fait disparaître durant le XIXe siècle.  

Les tableaux de Michel ne sont pas réalisés sur le motif : ils reprennent de très nombreux petits croquis réalisés lors de ses promenades dans la campagne, fixant sur le vif ses impressions de lumière, de perspective. 

Georges Michel reste très classique dans sa démarche, ses compositions en atelier présentant le même schéma : un tiers de terrain, deux tiers de ciel. Par ailleurs, Michel s’est souvent attaché à représenter les phénomènes d’orages ou de tempêtes. 

Le clair-obscur de ce paysage, inspiré des paysages hollandais du XVIIe siècle, contribue à l’atmosphère inquiétante du tableau. Le paysage a une présence, une force, qui contraste par opposition avec la petitesse de l’homme, inscrivant l’œuvre de Michel dans le pré-romantisme. 

Sa touche libre, visible ici à travers les larges coups de pinceaux dans le ciel gris ou le feuillage roux des arbres traité avec une grande vigueur, use de l’harmonie de gris, de blancs et de terres qui constituent les couleurs dominantes de la palette du peintre. 

Surnommé le « Ruysdael de Montmartre », Georges Michel demeure, selon la critique, le seul représentant du mouvement romantique nordique, à l’égal des Anglais Constable ou Bonington.