LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Paul HUET

Paul HUET

Paris, 3 octobre 1803 – Paris, 9 janvier 1869

 

Élève des peintres Pierre-Narcisse Guérin et Antoine-Jean Gros à l’École des beaux-arts de Paris, Paul Huet rompt avec le néoclassicisme après sa rencontre avec Delacroix et les paysagistes anglais Bonington et Constable. Il expose au Salon à partir de 1827 jusqu’à sa mort. Son succès au Salon de 1833 lui vaudra d’être reconnu comme le maître du paysage romantique, surnommé « le Delacroix du Paysage ».  

Il travaille en Normandie, en Auvergne, en Italie, dans les Pyrénées, ou dans la forêt de Fontainebleau, avant même les peintres de Barbizon, sans les fréquenter. Dans la nature, il réalise des études dessinées, rehaussées ensuite à l’aquarelle ou à la sépia. Ces études et esquisses, enrichies de ses souvenirs et de son imagination, sont à l’origine des peintures conçues dans son atelier.   

Œuvres tourmentées à la touche large, aux couleurs contrastées et aux sujets menaçants, jouant d'oppositions marquées d'ombre et de lumière devant une nature sauvage, les paysages de Paul Huet traduisent en peinture la poésie de Lamartine dont il est proche. La modernité de sa facture, ses couleurs, la quasi-absence de sujet font de l'artiste un précurseur de l'impressionnisme.

Le gouffre (esquisse), Paul HUET

 

1861
Huile sur toile
50,2 X 77 cm 
Inv 1939.00.60

Le tableau intitulé Le Gouffre appartenant au musée Léon-Dierx est l’une des esquisses d’un grand tableau présenté au Salon de 1861, Le Gouffre, paysage, aujourd’hui conservé au musée d’Orsay. La scène est décrite par l’artiste lui-même dans une de ses lettres : « Comprendrez-vous mieux cet informe croquis ? Je le souhaite. Vous y voyez : un gouffre, l'abîme si vous voulez, c'est sans doute le nom que je donnerai au tableau. Les figures doivent faire comprendre qu'un accident, un malheur est arrivé. »

Paul Huet s'attache à décrire les aspects terrifiants de la nature : dans ce paysage, il attire l’attention au centre de la composition sur la terre qui s'ouvre formant une faille rocheuse menaçante. Un homme et un chien se penchent dangereusement au-dessus du gouffre. A proximité, deux chevaux se cabrent probablement effrayés par les vents de l’orage qui menace : tout évoque le drame qui vient de se produire, la chute d’un homme.

Les rochers et les arbres évoquent la forêt de Fontainebleau et témoignent d’une impression forte ressentie par Huet devant les éléments d’une nature tourmentée ; ils s’insèrent néanmoins dans une composition réfléchie, pensée, héritière d’une certaine tradition du paysage composé en atelier.