LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Numa DESJARDINS 

Numa DESJARDINS

Flacq (Ile Maurice), 24 mars 1826 – Ile Maurice (….?)

Nous ne disposons pas d’informations précises sur la biographie et la carrière de Numa Desjardins. Peintre, mais aussi musicien, il semble être l’un des artistes les plus importants de l’île Maurice durant la seconde moitié du XIXe siècle. 

En 1882, Henri Magny, un journaliste de passage dans la colonie anglaise indique que « la peinture en dehors des nombreux amateurs qui la cultivent en leurs heures de loisir, compte ici des initiés dont la professions est d’en répandre la saine vulgarisation. Les noms de M. de La Hogue, portraitiste supérieur, de M. Avice, paysagiste recommandable et de MM Raphaël de Bavet et de N. Desjardins qui n’ont pas de spécialité propre, sont sur toutes les lèvres quand on parle de l’art du divin Apelle » (cité dans André Decotter, Panorama de la peinture mauricienne, Éditions de l’océan Indien, 1986).  

Par ailleurs, Desjardins tente de créer un musée de peinture à Maurice durant les années 1870-1880, projet qui ne voit pas le jour. Enfin, il semble avoir reçu des distinctions à l’exposition Universelle de Paris en 1867.  

De la production de cet artiste, seuls quatre paysages sont connus actuellement, réalisés entre 1854 et 1885. Le plus ancien, Vue de Saint-Denis (1854) est conservé au musée Léon-Dierx.

 

Vue de Saint-Denis, Numa DESJARDINS 

1854
Huile sur toile 
72 x 106 cm 
Inv 1939.00.281

Les vues de Saint-Denis à partir de la mer, souvent des lithographies, sont nombreuses durant la première moitié du XIXe siècle. Principal port de la colonie, c’est ici que débarquent les passagers des navires en provenance d’Europe ou d’Asie. Numa Desjardins propose ici une version peinte, structurée en trois plans clairement définis.  

Un grand rectangle bleu-vert très sombre, l’océan Indien, est animé de vagues soulignées de petites touches de blanc. Celles-ci forment un réseau de lignes convergeant en direction de la terre, vers un point se situant approximativement au centre de la composition. L’île s’inscrit dans un long triangle dont le petit côté se termine au Cap Bernard. 

La ville se distingue à peine, seuls ses principaux monuments sont identifiables : la caserne d’infanterie de marine, l’hôpital militaire et enfin la cathédrale de Saint-Denis. Les tons brun et vert s’éclaircissent de la droite vers la gauche afin de souligner la perspective. Un large ciel bleu ponctué de nuages s’inscrit dans un parallélépipède occupant la moitié du tableau. 

La touche minutieuse et lisse, atteste de la filiation de Numa Desjardins avec la peinture de paysage académique de son époque. Ce paysage est aussi un témoignage intéressant de la circulation des artistes dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien au XIXe siècle.