LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Francesco ITURRINO

Francesco ITURRINO 

Santander (Espagne), 9 sept. 1864 – Cagnes-sur-Mer, 20 juin 1924

 

Après une jeunesse au Pays basque, il reçoit ses premières leçons de dessin d’un oncle poète et musicien. Installé à Liège, il se forme à la peinture en autodidacte avant d’abandonner ses études d’ingénieur. Installé à Bruxelles où il suit des cours à l’Académie royale des beaux-arts, il découvre en 1887 et 1890 les œuvres de Paul Cézanne à l’occasion des expositions organisées par le Groupe des XX, association d’artistes belges promouvant dans ce pays l’avant-garde nationale et européenne.

À partir de 1895, Iturrino vit à Paris. Remarqué par le marchand de tableau Ambroise Vollard, il expose en 1901 dans sa galerie, à côté d’un autre jeune espagnol, Pablo Picasso. Vollard organise quatre expositions personnelles d’Iturrino jusqu’en 1911, date à laquelle l’artiste adopte pour ses tableaux, souvent à sujets espagnols, une palette très colorée proche de celle des Fauves, groupe de peintres révélés au Salon d’Automne de 1905. 

Au début du XXe siècle, il séjourne entre le Pays basque, la France et surtout l’Andalousie. Il y peint des scènes de tauromachie, de fêtes, et de nombreux portraits de femmes. 

Grand Paysage, Francesco ITURRINO

Vers 1900
Huile sur toile
102,5 x 80,5 cm
Inv 1947.01.61
Don Lucien Vollard

Ce Grand Paysage fait indiscutablement référence à l’œuvre de Paul Cézanne du fait de la palette et de la structuration de l’espace, complexe et étudiée. Les plans multiples sont traités un par un et se superposent avec une grande clarté, témoignant d’une réelle compréhension des œuvres du maître d’Aix. À l’équilibre créé par les masses, les couleurs et les contrastes, s’ajoutent le mouvement et la dynamique d’une touche en aplats. 

Qu’il s’agisse d’un paysage espagnol ou français, l’esprit du Sud est présent dans cette œuvre, avec cette architecture de pierre blanche au toit plat et cette entrée de mas à moitié effondrée. Les couleurs sont celles de la fin de l’été, lorsque le soleil fait briller les feuilles des jeunes arbres et que la nature vire de toutes les tonalités de vert, d’ocre et de rouge.

Cette œuvre a vraisemblablement été réalisée vers 1900 car on y retrouve la touche vive et rapide des impressionnistes, transformée par Cézanne et qui se fait rare dans l’œuvre d’Iturrino après le tournant du siècle.

En effet, les œuvres du XXe siècle de l’artiste se différencient de cette première manière, où l’on décèle une recherche d’expression personnelle. Il s’affirme avec l’explosion fauve de 1905 et ne pratiquera plus qu’un art dans lequel la couleur sera reine comme l’attestent les Espagnoles aux châles ou Fêtes espagnoles, tableaux appartenant aux collections du musée et provenant aussi d’Ambroise Vollard.

Francesco Iturrino, Espagnoles aux châles, sans date, coll. MLD