LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Julien BLAY

Julien BLAY

Saint-Denis (Réunion), 1er mai 1853 - id., 12 mars 1893  

 Né à l’île de La Réunion, Julien Blay est le petit-fils de Jean-Auguste Poussin (1784-1871), lui-même élève du peintre néo-classique Jacques-Louis David. Poussin, arrive à l’île Bourbon en 1819 et enseigne le dessin au Collège royal de Saint-Denis. Il est fort probable qu’il donne à son petit-fils les rudiments d’une culture artistique et ses premières leçons de dessin. 

Installé à Paris durant les années 1870, Julien Blay entre dans l’atelier du peintre Henri Lehmann, élève d’Ingres, professeur à l’École des beaux-arts de 1875 à 1881. Lehmann s’est rendu célèbre par la qualité de ses portraits et appartient au cercle des peintres officiels du XIXe siècle, recevant de nombreuses récompenses.  

En 1880, Julien Blay à peine âgé de 27 ans reçoit les éloges de la presse réunionnaise. L’article qui lui est consacré indique qu’il fréquente avec assiduité le musée du Louvre, copiant les sculptures antiques et les peintres classiques. Le musée Léon-Dierx conserve de cette période de formation une copie du Fils prodigue de Jean-Baptiste Greuze. La même année, il est remarqué pour ses qualités de dessinateur d’après modèle vivant et se distingue à l’épreuve de composition où il traite d’un sujet mythologique, la Lutte d’Apollon et de Marsyas devant les Muses. 

Il participe au Salon des artistes français à deux occasions : en 1884, comme élève de Lehmann et Barrias, il expose un Portrait de M. M. Audran et en 1885, où il se dit en plus élève de Cabanel, il présente le Portrait de M. le général Charles Elie Rolland, militaire originaire de Saint Benoit à La Réunion. Un troisième portrait connu de Julien Blay est conservé au musée Léon-Dierx, celui de sa tante Anna Blay.  

Il est probable qu’il rentre à La Réunion à l’issue de sa formation et meurt à Saint-Denis à l'âge de 40 ans. Il laisse un corpus de peintures très rares et méconnues. 

Autoportrait, Julien BLAY

1883
Huile sur toile
74,8 x 64,9 cm
Inv 1956.00.28

Cet autoportrait s’inscrit dans une longue tradition de portraits d’artistes. Réalisé probablement à Paris, durant ses études ou peu de temps après, Blay a choisi de se peindre en artisan de la peinture. 

Le portrait s'inscrit dans un rectangle presque carré, le personnage se représentant en buste, coupé au niveau du coude. Assis sur une modeste chaise en bois, vêtu d’une veste de travail sombre et coiffé d’une sorte de large béret noir, le choix de ces vêtements laisse supposer qu’il fait froid dans son atelier. Il regarde fixement devant lui, tenant de la main gauche quatre pinceaux et une palette sur laquelle est pincé un petit godet métallique pour l’huile. 

Le personnage se détache sur un fond neutre, d’un bleu intense et vibrant. Ce bleu intense est peut-être une citation du portrait de Franz Liszt peint par Lehmann en 1839 et aujourd’hui conservé au musée Carnavalet. De ce portrait de Liszt, Julien Blay a également retenu le clair-obscur qui module le visage ainsi que la composition simple et efficace. 

Portrait d'Anna Blay, Fin 19e siècle