LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Théo VAN RYSSELBERGHE

Théo Van RYSSELBERGHE

Gand, 23 novembre 1862 – Saint-Clair (Var), 13 décembre 1926

Formé à Gand et Bruxelles, Théo Van Rysselberghe expose en Belgique dès 1881. Au début des années 1880, il visite l’Espagne et le Maroc, pays dans lequel il séjourne plusieurs fois par la suite. La lumière intense de ces pays méditerranéens a une influence décisive sur ses œuvres. 

En 1883, Van Rysselberghe est l’un des membres fondateurs du Groupe des XX, regroupant l’avant-garde artistique belge. Plusieurs expositions, dans lesquelles sont invités des artistes européens partageant le même rejet de l’académisme, contribuent à diffuser les innovations picturales des XX. En 1894, les membres du Groupe des XX poursuivent leur activité au sein de La Libre Esthétique. 

En 1886, Van Rysselberghe découvre les œuvres de Georges Seurat : il adopte alors la technique néo-impressionniste et se lie d’amitié avec Paul Signac et Charles Cross. A partir de 1890, il expose à Paris au Salon des Indépendants et pratique pendant une décennie un divisionnisme assez strict dans ses paysages, ses nus ou ses portraits. Il est d’ailleurs un des rares à appliquer cette technique à la figure. 

En 1898, Théo Van Rysselberghe s’installe à Paris, partageant son temps entre la capitale et la Provence où il s’est fait construire une maison à Saint-Clair. 

Buste de femme nue en plein air, Théo VAN RYSSELBERGHE

Vers 1900 
Huile sur toile
45 x 38 cm
Inv 1911.19.03 
Don du Comité parisien

 

Théo Van Rysselberghe peint de nombreux portraits, le plus souvent ceux de sa famille ou de ses amis. Ce Visage de femme nue sur un fond de nature peut s’apparenter à cette catégorie, mais il semble plutôt appartenir à l’ensemble des nus féminins, thème qu’il développe à partir de 1910.  

L’œuvre correspond à un moment crucial de la carrière du peintre ; elle est révélatrice des recherches strictement picturales menées par l’artiste. Cette période voit la transition entre l'influence post-impressionnisme et une tendance vers le classicisme, l’artiste abandonnant la méthode prônée par Seurat. Par ailleurs, Van Rysselberghe admire l’artiste japonais Hiroshige. La pose de cette jeune femme évoque certaines estampes japonaises, inscrivant ce tableau dans le japonisme qui influence la création artistique européenne durant la seconde moitié du XIXe siècle.

Les couleurs soutenues sont posées en touches parallèles vibrantes avec un traitement directionnel différent. La touche divisée oublie le point méthodique, elle se fait plus large, libre. Les ombres colorées donnent vie à ce modèle dont les yeux d’un bleu intense pénètrent le spectateur. Les verts, les bleus, les orangers sont prépondérants dans cette toile. Le peintre y déploie son savoir-faire d’alchimiste de la couleur. L’harmonie chromatique entre le modèle et la nature évoquée par des tâches de couleurs vives, en totale symbiose, traduit un sentiment de sérénité et de robustesse.