LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Théodore GUDIN

Théodore GUDIN

Paris, 15 avril 1802 – Boulogne-Billancourt, 12 avril 1880

Élève précoce du peintre néoclassique Anne-Louis Girodet, Théodore Gudin effectue une courte carrière dans la marine qui l’amène à découvrir l’Amérique. À son retour, il expose des sujets maritimes au Salon en 1822. Influencées par l'esprit romantique et l'école anglaise de peinture, ses toiles font sensation auprès du public. Il se fait remarquer au Salon de 1824 et obtient une médaille. 

Au Salon de 1827, qui constitue un moment charnière de l'histoire du romantisme avec notamment la présentation de La Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix, Gudin expose quant à lui le très grand Incendie du Kent, vaisseau de la Compagnie anglaise des Indes qui brûle dans le golfe de Gascogne en 1825 avec 650 passagers militaires et civils à bord. Ce tableau connaît un succès prodigieux, l’artiste obtenant avec ce tableau la Légion d’honneur et la protection officielle du duc d’Orléans. Après son accession au trône sous le nom de Louis-Philippe en 1830, celui-ci nomme Gudin peintre officiel de la marine, l’un des premiers à porter ce titre au XIXe siècle.  

Devenu un peintre proche du pouvoir, Gudin obtient la commande de près de 100 tableaux pour les salles historiques du musée « dédié à toutes les gloires de la France » voulu par Louis-Philippe dans le château de Versailles. Gudin doit illustrer les nombreuses victoires de la marine française au cours des siècles. Cette commande est partiellement honorée, l’artiste étant un peu oublié sous le Second Empire. Il continue néanmoins à exposer au Salon et partage alors son temps entre la France et l’Angleterre, patrie de son épouse. Après sa mort, son œuvre sombre dans l'oubli avant d'être redécouvert par l'historiographie maritime.

Un soleil levant sur l’île Bourbon, Théodore GUDIN

1868
Huile sur toile 
230 x 170 cm
Inv 1979.05.01

Un Soleil levant sur l’île Bourbon, paysage de très grande dimension peint en 1868, forme avec son pendant Vue de la Méditerranée ; lever de soleil sur le Vésuve, les deux pièces majeures de l’exposition posthume consacrée à Théodore Gudin en 1880, l’année même de sa mort. Comme presque toutes les œuvres du peintre, ce paysage est composé en atelier à partir d’éléments de documentation variés : lectures, témoignages, estampes et expériences personnelles. Gudin n’est cependant jamais venu à l’île de La Réunion, sa seule expérience des îles datant d’un voyage aux Antilles. Son inspiration lui vient peut-être de lithographies, comme celles de Roussin ou d’Hastrel, ou des illustrations de presse publiées en Europe durant les années 1850-1860. 

Ce tableau représente un paysage, mais il s’agit pour l’artiste de parler aussi de l’histoire de l’île et de son peuplement : à ce titre, il s’agit d’un paysage historié. Au premier plan, des Noirs débarquent sur une plage où pousse curieusement des roseaux. Cette scène paisible n’a aucun lien avec la réalité historique de l’esclavage, à l’origine de l’arrivée d’une population noire venant peupler l’île. C’est une allusion exotique signifiant au spectateur que la scène se déroule hors d’Europe. L’île est symbolisée par une imposante masse montagneuse, au pied de laquelle se trouvent quelques palmiers et des paillottes.  

Gudin anime la composition conçue avec ampleur par la lumière chaude du soleil levant qui perce à travers les nuages et se reflète dans l’océan. Il tient cet effet visuel des tableaux de Turner, observés lors de ses longs séjours à Londres à la fin de sa vie.