LES CHEFS-D'OEUVRE DU MUSÉE : Adolphe LE ROY
Adolphe LE ROY
Saint-Denis (Réunion), 26 mars 1832 - id., 26 juillet 1892
Adolphe Le Roy est le fils d’un agent de change originaire de Saint-Malo. À dix-huit ans il abandonne ses études afin d’aider son père dans la gestion de son entreprise. Évoluant dans un milieu familial artistique, il s’est mis à peindre tout petit, puis sérieusement vers l’âge de 20 ans. Sans formation artistique ni maître, il semble que son activité ait débuté vers 1850.
Exerçant le métier de comptable, il ne pouvait peindre que pendant ses heures de liberté, avant ou après le travail et pendant ses vacances. Cette contrainte explique le nombre important d’œuvres ayant pour sujets les deux moments que sont l’aurore et le crépuscule.
Durant de nombreuses années, Le Roy participe à la vie intellectuelle de la colonie, à travers l’activité des sociétés savantes de la capitale. Dès le Second Empire, ses œuvres remportent un grand succès. Elles sont présentées dans les expositions organisées dans la colonie ainsi qu’à l’île de France et à Paris, lors de l’exposition Universelle de 1878.
Son œuvre est abondant et varié dans ses techniques : si les huiles sur toiles sont prédominantes, le pastel, l’aquarelle, la lithographie et les encres de chine tiennent une place importante dans sa production.
Gorges de la Rivière du Mât, Adolphe LE ROY
1877
Huile sur toile
96,5 x 145,5 cm
Inv 1939.00.47
Adolphe Le Roy n’est pas un peintre du quotidien. Il ne représente pas de scènes anecdotiques ou documentaires et l’univers citadin est exclu de ses toiles. Durant toute sa carrière, il privilégie les montagnes de l’intérieur de l’île dont le relief tourmenté et l’exubérante végétation le fascinent. Ces tableaux se distinguent par leur atmosphère irréelle et romantique, les ambiances d’aurore ou de crépuscule qui, jointes à la représentation d’une nature grandiose mais hostile, plongent le spectateur dans un monde d’une fascinante beauté.
Les Gorges de la Rivière du Mât à l’entrée de Salazie est une toile de grand format, exposée en 1878 dans le pavillon de La Réunion à l’exposition Universelle de Paris.
Ce paysage académique se décompose par plans. Le regard se pose tout d’abord sur la rivière de couleur blanche, encadrée par deux ensembles d’arbres aux tons sombres. Dans des coloris bleus et verts plus clairs, une plaine et trois petites montagnes forment le second plan. Enfin, une imposante montagne traitée à l’aide de fins glacis, des nuages et au loin le Piton des Neiges, ferment la composition.
La présence humaine n’est attestée que symboliquement par un pont et la cheminée d’une sucrerie. L’ensemble dégage une sensation de grandiose baignant dans une lumière mordorée, l’une des caractéristiques de l’œuvre d’Adolphe Le Roy.